Domaine GANEVAT, savagnin "LES VIGNES DE MON PERE" 2010

Ganevat (Côtes-du-Jura)

Chaque année, la Revue du vin français désigne le meilleur vigneron. En 2018 la revue décerne son prix à Jean-François Ganevat. Il est vigneron à Rotalier dans le Sud Revermont depuis 20 ans.

Verdoyant et vallonné, le Jura offre l’image idyllique d’une région de montagne, nichée entre la Bourgogne et la Suisse s’impose. Dans ce climat plus frais, les vignes sont plantées sur des pentes à différentes altitudes et gradients.

Le Jura possède une mosaïque de plus de quarante cépages, dotés chacun d’un style radicalement différent, ce qui étonne toujours les non-initiés. Dans le joli hameau de la Combe, au sud de Lons-le-Saulnier, Jean-François Ganevat fait du vin, tel un alchimiste inspiré par une secrète magie. Baptisé Fanfan par ses amis, il a stocké les tonneaux et des fûts de ses vins variés mais traditionnels, dans presque tous les pittoresques chalets du village. Vignerons de père en fils, depuis 1650, sa famille conduisait aussi une laiterie, pour la fabrication du fromage local, le Comté jusque dans les années 70.

Jean-François a débuté avec son père, puis au réputé Domaine Jean-Marc Morey à Chassagne-Montrachet avant de reprendre le domaine familial en 1998. Sur ce tout petit vignoble de huit hectares et demi seulement, poussent dix-sept cépages locaux différents en raisins rouges et blancs. Une diversité presque incroyable pour une petite exploitation. C’est tout naturellement que ce vigneron perfectionniste et exigeant a engagé son domaine dans une certification en biodynamie.

Jean-François produit trente-cinq à quarante cuvées chaque année, chacune exigeant un élevage véritablement spécifique. Ses raisons sont cueillis à la main, chaque grappe soigneusement coupée aux ciseaux. Sa vinification est si peu interventionniste, avec très peu de souffre, que l’on pourrait craindre que le transport n’altère les vins. Ce vigneron averti contourne le problème en laissant vieillir ses vins blancs sur lies relativement longtemps, jusqu'à onze ans si nécessaire. Il n’a jamais eu à déplorer une quelconque altération de ses vins. Dans le Jura, beaucoup de vins subissent une oxydation traditionnelle et intentionnelle. Mais Jean-François cherche à faire des vins plus légers, plus élégants que les vins typiques du Jura. Il pratique la méthode de l'ouillage dans le style bourguignon. Vigneron de génie, Jean-François Ganevat règne en virtuose dans sa région. Ses vins sont uniques et magiques, d’un autre monde.

Le vin

J'étais presque sûr et je croisais les doigts en espérant que l'extraordinaire Les Vignes de Mon Père 2010 serait mis en bouteille (il était prêt et sur le point d'être mis en bouteille il y a presque un an lorsque je l'ai dégusté dans leurs caves), mais ils ont dit qu'ils n'avaient pas encore eu le temps de le mettre en bouteille mais qu'ils étaient sur le point de le faire. J'avais même pris le temps de trouver le vignoble de Champ Bernard entre les villages de Cesancey et de Grusse pour voir la source de l'un de mes vins blancs préférés au monde. Je l'ai trouvé ; il ne fait que 0,3 hectare, et ce n'est pas le vignoble spectaculaire auquel je m'attendais, parce que le vin est vraiment spectaculaire, en particulier dans le millésime 2010, qui est peut-être le meilleur qu'ils aient produit jusqu'à présent. Il semble jeune - plus jeune que l'année dernière à la Benjamin Button, pâle et peu évolué. Au moment des vendanges, on parlait d'un millésime pourri, avec sept semaines de vents du nord qui ont tout concentré, y compris l'acidité. L'acidité est probablement le secret de ce vin, qui est frais et incroyablement équilibré avec des notes alléchantes d'écorce de mandarine, de fleurs blanches, d'herbes sauvages et d'agrumes. Une légende en devenir ! (Guide Parker, millésime 2010, noté 99-100/100)

I was almost sure and crossing my fingers hoping the otherworldly 2010 Les Vignes de Mon Père would be bottled (it was ready and close to be bottled almost one year ago when I tasted it in their cellars), but they said they hadn't had time to bottle it yet but were close to doing so. I had even taken the time to find the Champ Bernard vineyard between the villages of Cesancey and Grusse to see the source of one of my favorite white wines in the world. I found it; it's only 0.3 hectares, and it's not the spectacular vineyard I was expecting, because the wine is truly spectacular, especially in the 2010 vintage, which is possibly the finest they have yet produced. It feels young—younger than last year à la Benjamin Button, pale and unevolved. At the time of the harvest, they were talking about a shitty vintage, with seven weeks of north winds that concentrated everything, including acidity. Acidity is probably the secret of this wine, which is fresh and incredibly balanced with tantalizing notes of tangerine peel, white flowers, wild herbs and citrus. A legend in the making ! (Guide Parker, millésime 2010, noté 99-100/100)

La presse spécialisée en parle

Jean-François Ganevat est revenu en 1998 dans le Jura, dans la combe de Rotalier, après de longues années à Chassagne-Montrachet, chez Jean-Marc Morey. Proche de la philosophie des vins naturels sans pourtant s'en revendiquer, le vigneron maîtrise parfaitement la biodynamie. Il s'est forgé une image très personnelle de ce que doit être un grand vin : chaque sélection parcellaire possède une personnalité singulière, avec une variation des harmonies et des tensions qui lui est propre. Grâce à des rendements faibles, un travail considérable à la vigne, les rouges, élevés de plus en plus en jarres de terre cuite, atteignent désormais un fantastique niveau d'expression. Citons également le sublime vin jaune et l'incomparable Les Vignes de mon Père, savagnin élevé pendant dix ans. Les vins n'ont jamais été aussi bons que dans les derniers millésimes. Il y a quelque chose en eux qui vibre à fleur de peau. Si le vigneron prend des risques, c'est bien à la recherche d'un idéal esthétique, au service de l'émotion. N'est-ce pas l'une des meilleures définitions d'un grand vin ? Malgré les aléas climatiques, les millésimes de gel qui ont amputé la production et chamboulé les cuvées, elles n'ont par leur profondeur et leur caractère jamais autant mérité qu'aujourd'hui la troisième étoile. Celle-ci ne concerne que les vins du domaine car l'activité de négoce, qui livre ponctuellement des cuvées passionnantes, ne saurait prétendre au même niveau d'ensemble. Le rachat du domaine par Jocelyn Broncard et Benoît Pontenier a été officialisé en 2023 ; Jean-François Ganevat reste aux commandes.

Les vins : la fraîcheur des rouges 2022 est remarquable, on ne sent pas la canicule ! Si le poulsard L'Enfant Terrible se montre d'emblée très expressif, il possède beaucoup de fond. Très clair, vendangé tôt, le trousseau Plein Sud définit un monde de parfum captivant, porté par une matière tout en dentelle. Dans le même style irrésistible, enlevé et expressif, zébré par un beau « trait de vert » de vendange entière, le pinot noir Julien impose cependant une présence et une allonge de grand vin de garde. Après les plantureux 2018, qui ont pour la plupart été mis en bouteille fin 2022, les blancs 2019, marqués par les faibles rendements dus au gel (20 hl/ha), présentent un profil brillant, moins riche en alcool mais concentré, profond et percutant. Comme nous le disions à propos de leurs prédécesseurs, ce sont de grands blancs jurassiens d'élevage long, partis pour une encore plus longue vie en bouteille ! Parmi les chardonnays se distinguent tout particulièrement la cuvée Les Varrons, issue pour un tiers du volume d'une vinification en macération, très original dans son développement aromatique et d'une intensité phénoménale ; Les Chalasses Vieilles Vignes, à la saveur d'un éclat tout particulier et à l'allonge électrisante, interminable. Les savagnins sont encore plus homogènes, mariant au plus haut degré richesse de texture et acidité vibrante. Les Chalasses Marnes Bleues se distingue tout particulièrement par son ampleur. À la veille de sa mise en bouteille, le vin jaune 2014 est un chef-d'œuvre de complexité, d'harmonie et de rémanence, dont la grande séduction prend de volubiles accents andalous. (RVF, l'excellence du vignoble français, noté 3*/3)

Jean-François Ganevat, dit "Fanfan" est une figure du Jura. Cap au sud, dans le Revermont, un coin préservé où ne poussent pas que les pommes de terre… Passé par le sillage de Chassagne-Montrachet, Fanfan ne cache pas une parenté, de style tout du moins, avec les grands chardonnays de Bourgogne. Le vignoble de 9 hectares et ses 25 cépages donnent lieu à des sélections parcellaires converties en autant de vins qu'il faut. Les vignes de 50 ans représentent un tiers des surfaces et les sélections massales sont ici la règle. Depuis 2005, Jean-François Ganevat travaille selon les principes de la biodynamie. Et sans lésiner sur les moyens humains : un homme par hectare travaillé ! Le résultat est purement éblouissant. Tous les vins cités ici ont été dégustés sur fût au domaine (donc avant la mise en bouteille), faute de disponibilité immédiate. Ce n'est qu'un aperçu de la gamme. À côté de cela, Jean-François et sa sur Anne ont créé un négoce en achat de raisins (25 000 bouteilles produites en biodynamie, autour de 103 cuvées !) tout autant iconoclaste que l'esprit des lieux, qui donne de jolis vins de fruit d'assemblage en Vin de France, remettant au goût du jour quelques vieux cépages. Dune rare complexité, les blancs ouillés de ce domaine frôlent la perfection. Longilignes, racés, filant comme l'eau de roche, ce sont de petits joyaux de précision. Même sur le jaune, Ganevat excelle, grâce à des vignes de plus de 80 ans. En crémant aussi la réussite est au rendez-vous, de même que sur les liquoreux, présentés hors appellation (sul-q et pmg) ; quel enchantement ! Les rouges claquent de fruit sur la jeunesse, toutefois certains nécessitent une aération préalable. Ne manquez pas non plus le Macvin : de toute beauté ! (Bettane & Desseauve, producteur de très haute qualité, noté 4*/5)